Une enquête anglaise de Stigma Research à propos des gays séropos qui couchent sans préservatifs










Gabriel Girard dans le journal Transversal de septembre 2009 se demande "Et si les discours stigmatisant fortement les prises de risques (...)  pouvait finalement se révéler contre-productifs en terme de prévention?"


Gabriel résume des travaux récent de Sigma Research au Royaume-Uni (http://www.sigmaresearch.org.uk/go.php/reports/report2009d/) et reprend entre autres les thèses de David Halperin dans son livre "What do gay men want?"


Je suis donc allé voir de plus près cette enquête de Sigma Research:
Sur la base d'entretiens avec 48 gay séropositifs ayant eu des relations sexuelles anales sans préservatifs, les auteurs du rapport de Sigma Research font les constats suivants:
- Le dévoilement de son statut sérologique reste très compliqué et risqué.  La difficulté est donc de pouvoir concilier son envie de plaisirs sexuels,  la crainte très pesante de risquer de contaminer qui que ce soit et le risque avéré d'être rejeté quand on révèle son statut sérologique...


 A défaut de pouvoir adopter des stratégies de séro-adaptation fondées sur une discussion ouverte avec ses partenaires, les personnes préfèrent aller dans des saunas où les relations anales non-protégées son courantes:  "globalement, les répondants qui fréquentent les saunas présument que leurs partenaires sont eux aussi séro-positifs, étant donné que cette supposition leur permet de ne pas avoir à révéler explicitement leur statut sérologique" (page 30)


- Les auteurs constatent aussi que les répondants restent peu enclin à adopter explicitement des stratégies de réduction des risques.  Plusieurs répondants ont même exprimé du "dégout" vis à vis du concept de choisir sciemment de n'avoir de relations sexuelles qu'avec des partenaires séropositifs (page 31) ce qui, selon les auteurs, reflète une forme de stigmatisation intériorisée.  Aucun des répondants n'a reporté avoir pris en compte sa charge virale;  seuls trois d'entre eux ont recommandé à un partenaire de prendre un traitement post exposition. De même, le positionnement stratégique (actif ou passif) ou le retrait avant éjaculation sont loin d'être des pratiques courantes.


Globalement les personnes n'ont pas envie de "planifier la prise de risque" car un tel comportement est perçu comme étant de la "duplicité" ou du "calcul". Gabriel résume très bien cet enjeu dans son article :  "[cette] réaction des répondants traduit le refus d'être associé à un groupe stigmatisé et moralement (parfois pénalement) condamnable"


- Les auteurs de Sigma research préconisent de mieux prendre en compte les besoins de prévention de ces personnes: l'accès à des services appropriés pour la prise en charge d'une consommation problématique de drogues ou d'alcool; renforcer les capacités de communication et l'estime de soi en vue de pouvoir mieux gérer les risques; la lutte contre la stigmatisation de la séropositivité (avec la mise en place de réseaux de soutiens pour aider personnes à faire face à cette stigmatisation).